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 les joyeux éboueurs des âmes délabrées.

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Lulëzim.
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Lulëzim.
                 
                     
 
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MessageSujet: les joyeux éboueurs des âmes délabrées.   les joyeux éboueurs des âmes délabrées. EmptyJeu 6 Juil - 22:45                                  
Les joyeux éboueurs des âmes délabrées.

Tâché de sang. Ton quotidien. Ce rouge s’étale et se dégrade. Tu en connais toutes les nuances. Tu en sais le goût et l’odeur. L’écarlate t’a toujours attiré.
Tu refermes ce thorax béant et soupires. Quatre-vingt-neuf ans. Une crise cardiaque. Une autopsie superflue. Une perte de temps. Mais la vieille était riche. Tellement que c’en était indécent. Tellement que ça appelait au meurtre. Alors tu as dû vérifier. Et ses héritiers sont maintenant disculpés.
Tu recouvres le corps flétri d’un drap blanc. Caches les ravages du temps et ceux, imperturbables, de la mort.
Tu ôtes tes gants et les jettes avec les autres déchets infectieux. Puis tu déboutonnes cette saloperie de blouse, couverte de projections, et la fait glisser le long de tes bras. De tes épaules à tes poignets. Avant de la lancer sur une table inoccupée.
Et tu souffles, mécontent, quand l’autre passe la porte. Chargé d’un nouveau cadavre.
« Non. Je suis censé être en congés, merde ! » ; tu lances en secouant la tête, regard agacé.
Tu devrais être chez toi. Ailleurs. Peu importe. Mais pas dans cette morgue, les mains ouvrant et cousant.
« T’as qu’à le mettre dans un coin, je m’en occuperai demain. »
Tu passes une main dans tes cheveux et l’autre te regarde. Les yeux presque exorbités. L’incompréhension de la jeunesse. Il doit te trouver un peu brutal. Il est nouveau ; il s’adaptera et s’habituera. Ou il abandonnera.
« Ça m’étonnerait qu’il ait pris rendez-vous et que ça le dérange d’attendre. Alors, tu me le ranges dans le tiroir 6 et tu t’en vas. » ; tu ordonnes. « Et dis aux autres d’attendre demain, pour mourir. » ; tu ajoutes, devant sa mine déconfite.
Et son malaise te fait sourire.
Tu attrapes ta veste et sors.

L’esprit emplit de morts et de fantômes, chaque fois que tu sors de l’hôpital. Tu as besoin d’un temps, pour que tes yeux s’habituent. Pour que tes sens et ton corps se sensibilisent à-nouveau.
Tu quittes un univers froid et implacable. Il faut que la chaleur du reste vienne te mordre.
Alors tu marches. Déliant tes jambes.
L’appétit ouvert. Par le contenu de l’estomac de la vieillarde. Il y restait le macérât de ce qui fut sans doute de la pomme de terre. Tu te prendrais bien des frites. Mais pas à l’hôpital. Leur nourriture n’en est même pas un ersatz. Et tu préfères encore côtoyer la morne mort plutôt que les tristes et les malades. Penser à cette foule atterrée et dégénérée te fait frissonner. Tu allumes une cigarette. Et quand la fumée vient griffer tes poumons, tu te sens plus léger.

Sur le trottoir souillé, un corps. Frêle. Un peu recroquevillé.
Les sans-abri pullulent. C’est triste ; un brin désespérant.
Tu passes près de lui, te déportant sur la route. Tu traces ton chemin. Juste le temps de quelques pas. Puis ton humanité te fait te retourner. Tu dois au moins vérifier qu’il est toujours vivant.
Tu t’approches, soufflant au ciel un nuage de fumée blanche. Puis tu le pousses, du bout du pied. Petit tas informe.
Et quand enfin il se redresse, tu fais face à un visage d’enfant. Un gamin pâle et creusé. Juste un gosse. Jeune. Beaucoup trop jeune. Malgré ses yeux un peu éteints.
Il respire, certes. Mais peut-être n’est-il plus tout à fait vivant.
« Qu’est-ce que tu fais là ? » ; tu lui demandes.
Tu entends ta voix. Et ce ton te semble inutilement dur.
Alors, c’est plus doux que tu ajoutes :
« T’as fugué ? »
Trop maigre et l’air hagard. Il ressemble à tous ces jeunes, perdus et piqués, qui se retrouvent nus et froids sur tes tables grises aseptisées. Sans identité ni raison. Morts de n’avoir pas vécus. Gâchés.
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Hazel.
            
                                 
                   
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MessageSujet: Re: les joyeux éboueurs des âmes délabrées.   les joyeux éboueurs des âmes délabrées. EmptyJeu 6 Juil - 22:47                                  
Les passants défilent sans même te regarder. T’es une bête de cirque parmi tant d’autres, un animal que l’on regarde du coin de l’œil sans prendre la peine de déposer une petite pièce pour qu’il puisse se nourrir, préférant largement murmurer quelques remarques à l’oreille d’un autre. Il a l’air si jeune. Pauvre petit. N’a-t-il donc pas de parents pour s’occuper de lui ? Les passants défilent dans cette rue bondée. Certains quittent leurs travail pour rejoindre leur petite famille aimante, d’autres se précipitent hors de chez eux pour fuir leur copine trop collante, fuir les engueulades de leurs parents en prétextant une soirée entre potes, d’autres encore, moins chanceux, sortent de chez eux pour tenter de payer les factures qui tombent chaque mois, mêlant parfois boulot de jour et boulot de nuit. Tu les regardes chaque soir, avec une pointe de jalousie qui te colle à la peau, qui laisse un goût amer dans la bouche. Tu les envies, eux, ceux qui peuvent espérer se protéger de la pluie, se protéger de la chaleur du soleil, des crachats d’enfants, des regards mauvais des riverains. Soupir. Assis à même le sol, tu replis tes genoux contre ton poitrail et attends que le temps passe. C’est la même activité chaque jour, mais tu n’as que ça à faire de tes misérables journées. Chaque jour se ressemble. Ils s’enchaînent sans cesse, mais le temps semble s’être arrêté. Tu reconnais le visage de certains piétons que tu as vu la veille. Il y a ceux qui te donnent un peu d’argent pour te nourrir. Ceux qui te jugent du regard et pensent que les maigres ressources que tu récoltes, tu les dépenseras dans de l’alcool ou de la drogue à la première occasion. Tu ne leur en tiens pas rigueur. Ils n’ont pas totalement tord, de toute façon.

Faiblement, tu tires ta carcasse sous le porche d’un immeuble et te recroquevilles, près à commencer ta nuit, sans rien n’avoir dans l’estomac. Tu n’iras pas sonner chez Tara, ce soir. Tu ne peux pas lui d’aider un autre service cette semaine. Tu as déjà abusé de son hospitalité et de sa gentillesse en lui demandant de t’héberger une petite nuit, de te laisser prendre une douche. Tu ne peux plus lui demander de t’aider. Ta fierté en prendrait un coup. Puis, coincé dans un salon, les chances de retrouver Isaac s’amenuisent. Tu espères toujours le voir, au coin de la rue. Tu espères qu’un jour, il passera devant toi sans te voir. Tu l’interpelleras, et il se retournera persuadé d’avoir rêvé ta voix. Tu lui offriras ton plus beau sourire et il se jettera dans tes bras, te disant à quel point tu as pu lui manquer, à quel point c’était une erreur de quitter la maison, de te quitter sans jamais de nouvelles. Il prendra ton visage entre ses deux mains, caressant ta joue du pouce, il collera ton front au sien, et ses lèvres se poseront sur les tiennes. Il te dira qu’il t’aime, qu’il ne peut plus se passer de toi, qu’il rentre, qu’il ne veut plus vivre une seule seconde loin de toi.

Fantasme qui ne verra jamais le jour. Souffle fatigué qui s’échappe de tes lèvres charnues. Ton estomac grogne alors qu’émanent les odeurs d’un restaurant non loin d’ici. Tu salives à l’idée de croquer dans un hamburger bien gras, accompagné de quelques frites trop salées, t’obligeant à boire ton soda trop sucré pour tes papilles. Cercle vicieux qui te ferait oublier tes mœurs, l’espace d’un instant. Affamé, le sommeil vient te quérir et te bercer, alors que tu caches ton visage terne sous ta veste. Ta nuit est de courte durée. Une chaussure tape ton coude. Tu lèves les yeux vers son propriétaire. Sa question emballe ton cœur. Es-tu devant chez lui ? Va-t-il appeler les flics comme la vieille femme de la veille ? Tu es si préoccupé par la raison de sa présence que tu ne lui réponds pas. « N-non. Je vis ici... » Peut-être te croira-t-il ? Peur de te faire jeter encore une fois. Peur de devoir déambuler dans le centre-ville, à la recherche d’un petit coin de banc inoccupé.


Dernière édition par Hazel. le Jeu 6 Juil - 23:43, édité 1 fois
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Lulëzim.
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MessageSujet: Re: les joyeux éboueurs des âmes délabrées.   les joyeux éboueurs des âmes délabrées. EmptyJeu 6 Juil - 22:47                                  
Les joyeux éboueurs des âmes délabrées.


Il a l’air apeuré. Ou peut-être un peu surpris. Un bête, sauvage et craintive. Peur de l’homme et de ses comportements. Le garçon n’est sans doute plus habitué aux contacts. La discussion peut lui sembler impossible et désuète. Tu ne sais pas. Tu imagines, seulement.
Il te bégaie, presque, qu’il vit ici.
« Tu ne vis pas ici. On ne vit pas sur un bout de trottoir. »
Tu lui rétorques, un peu dur. On peut y survivre, ou tenter de le faire, tout au plus. Parce qu’on peut vivre seulement quand on se sent un minimum en sécurité. Quand on n’a pas à s’enfuir et à se battre chaque jour. Quand on n’a pas à mendier des choses qui nous sont dues.
Tu le regardes, un instant. Adolescent cassé. Tu tentes de le jauger. Tu le juges d’après son état. D’après ses yeux instables et ses trois mots hésitants. D’après ses os, que tu devines saillants.

Tu entends son ventre qui grogne. Sans doute vide, depuis des jours. Tu ne penses pas qu’il parvienne à récolter suffisamment d’argent pour pouvoir se nourrir convenablement. Quand bien même, la nourriture n’est peut-être pas sa principale préoccupation. Dans quoi passe t’il l’argent qu’on lui donne ? Tu ne peux t’empêcher de penser à l’alcool et à la drogue. Et tu ne peux pas l’en blâmer. Dans sa situation, tu ferais certainement la même chose. Rampant après ces délivrances. Consommer tout ce qui te ferais, un peu et pendant un moment, oublier la misère, la douleur et la médiocrité ; une réalité d’une tristesse affligeante. Tu comprends.
Un soupir s’échappe d’entre tes lèvres.
« Bouge pas. » ; tu lui dis.
Et parce qu’il semble effarouché, tu t’empresses d’ajouter :
« T’en fais pas, je vais pas chercher les flics. »
Il pourrait très bien s’enfuir. Ce n’est pas un problème, en soit ; ce gosse n’est pas le tien et tu n’as pas à t’occuper de ses besoins et de ses sentiments. Mais ce n’est pas ton but.
« Tu m’attends. D’accord ? »
 Même s’il a l’air si faible que tu n’es pas sûr qu’il puisse tenir debout.
Et tu t’en vas.

Tu gagnes ce petit restaurant, aux relents de fast-food. Friture et viande carbonisée. Exactement ce qui te faisait envie.
Tu passes commande. Les autres clients haussent les sourcils. Ne sachant pas si tu es un ogre ou si tu comptes nourrir un régiment ; un peu des deux. Tu attends.
Tu paies, attrapes les sacs et quittes cet établissement. Un boui-boui certainement pas aux normes et à l’hygiène douteuse. Quelques mètres carrés gagnés par une chaleur insoutenable.
La fraicheur de la rue est la bienvenue.

Près de vingt minutes plus tard, tu le retrouves. Les bras chargés.
Il n’a pas bougé. Tu ne sais pas s’il y a pensé. Tu te dis aussi que, peut-être, il pensait que tu ne reviendrais pas.
« Je ne sais pas ce que tu aimes. » ; tu dis.
Tu t’accroupis près de lui. Et tu poses les sacs en plastiques devant lui.
« Alors j’ai pris un peu de tout. »
Tu ouvres les sacs. Et présente ton trésor. Kebab, hamburger, frites, crêpes et salade. Sodas, eau, bière, jus de fruits. Tu doutes que son estomac soit capable de supporter toutes ces graisses et tout ce sucre. Le tien, par contre, y est habitué et n’est jamais contre.
« Le restaurant gastronomique, ce sera pour une autre fois. »
Tu appuies ta phrase d’un clin d’œil. Tu essaies de le mettre à l’aise. Même si c’est toi qui t’immisces dans ce qu’il appelle son ‘chez-lui’.
Tu essaies d’attraper son regard, puis tu lui demandes :
« Ça te dérange, si on partage ? »
Et tu t’assois près de lui.
Ta veste t’entrave. Tu l’enlèves, la plie négligemment et la pose sur le sol. Et tu retrousses les manches de ta chemise.
Tu attrapes une autre cigarette. Et l'allumes. Tu la laisses creuser un trou dans ton ventre.
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Hazel.
            
                                 
                   
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MessageSujet: Re: les joyeux éboueurs des âmes délabrées.   les joyeux éboueurs des âmes délabrées. EmptyJeu 6 Juil - 22:49                                  
Muscles engourdis, yeux et lèvres asséchés par la dureté du vent qui sillonne les rues, mains cachées sous ta fine parka te servant de couverture pour la nuit que tu t’apprêtes à passer, tu n’es qu’une carcasse dépourvue de volonté, une dépouille presque sans vie dont l’âme s’est évaporée dans l’espace infini de ce lieu clos, de cette cage d’escaliers. Une voix dans l’obscurité, un visage que tu discernes à peine sous le faible éclairage des lampadaires bordant le trottoir et inondant les appartements aux volets ouverts du premier étage de leurs tristes lumières blanchâtres. Un homme qui t’affirme que tu ne peux pas vivre ici. Un homme qui te dit que tu ne peux pas vivre sur ce trottoir. Pourtant, c’est bien ici que tu dors, que tu manges, et c’est là-bas, en face, que tu urines. C’est ici même que tu as abandonné ta dignité. C’est ici que tu quémandes pour un bout de pain, une petite pièce. C’est ici que tu récupères les mégots jetés trop hâtivement dont il reste la moitié du tabac afin de les fumer toi-même. C’est ici que ta vie se joue, à la roulette russe, chaque jour, à chaque instant. Sans sécurité, sans cocon, sans protection, sans assurance de te réveiller le lendemain. Avec la boule au ventre qui ne te quitte jamais. Faim. Peur. Angoisse. Tristesse. Manque. Cinq mots. Cinq acolytes. Les inséparables. Tes compagnons de route, tes compagnons de fortune, tes compagnons de vie.

Puis deux mots. Deux mots qui te tétanisent sur place. Bouges pas. Le pouvoir des mots peut être si puissant, qu’il te fige. Tu imagines tous les tenants et les aboutissants d’un tel ordre. Il va appeler la police, te chasser à coup de latte. Ou pire. Et comme si le brun semblait avoir lu dans tes pensées, il s’empresse de dire que ce n’est pas les flics qu’il va chercher. Tu échappes malgré toi un soupir de soulagement. Peut-être pourras-tu espérer faire ta nuit ici, à l’ombre du vent et dans un coin relativement calme du centre-ville. Ton ventre se précipite pour répondre à ta place. Dans ton état, tu ne peux nulle part, de toute manière. « Oui. » Tu vas l’attendre. Tu baisses la tête, le regard, vers tes pauvres chaussures qui souffrent d’être à tes pieds vingt-quatre heures sur vingt-quatre. Tu le regardes partir, sentant déjà le manque d’une quelconque interaction sociale. Sentant déjà le manque d’une présence. Le temps retrouve sa lenteur habituelle. Il s’arrête presque. Les derniers passants avancent à vive allure dans les rues, sans même te remarquer, te prenant sans doute pour un sac-poubelle déposé là, après que les éboueurs ne soient passés. Tu te surprends à attendre le retour de cet homme dont tu ignores tout. Tu te laisses croire à la possibilité de son retour. Tu as besoin d’y croire, après que tant d’autres aient prononcés ces mêmes mots sans jamais recroiser ton chemin.

Odeur de graillon qui agresse paisiblement tes narines. Et une phrase. Quelques syllabes qui font naître en toi un espoir que tu pensais mort et enterré. L’autre s’accroupit devant toi, et ouvres de petits sacs en papiers. Tes yeux s’ouvrent tout rond. Ta respiration s’emballe. Tes pupilles oscillent entre les sacs et ton sauveur. Gentillesse et altruisme que tu ne pensais jamais retrouver, que tu pensais imaginaires. Tu observes l’abondance de nourriture tel un cadeau du ciel. T’en chialerais, putain. D’ailleurs, les larmes viennent mouiller tes yeux. D’un revers de la main, tu les effaces. Tu observes cet autre homme, tu l’admires, le chéris sans le connaître. Un clin d’œil pour un sourire porté disparu, jusqu’à ce soir. Ton regard capté par son emprise. Une demande. Ca te dérange, si on partage ? Tu secoues négativement la tête. Puis, hésitant, tu plonges ta main dans un des sacs. Tu ne quittes pas ce sauveur des yeux. Tu ne peux pas. Ses gestes s’ancrent dans ta mémoire, comme s’ils allaient être nécessaires par le futur. Fumée de cigarette qui s’invite dans tes narines. Fumée grise que tu savoures. Un regard pour avoir son accord, puis tu déballes le burger et plantes tes crocs dedans. Bordel de merde, que c’est bon… Le soda trouve aussi grâce à tes yeux. Tu bois, tu manges, tu manges, tu bois. Tu dévores. Et tes premiers véritables mots. « Merci. Je-Je ferais n’importe quoi pour vous remercier. N’importe quoi. » dis-tu, alors que le ketchup coule sur tes lèvres.


Dernière édition par Hazel. le Jeu 6 Juil - 23:44, édité 1 fois
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MessageSujet: Re: les joyeux éboueurs des âmes délabrées.   les joyeux éboueurs des âmes délabrées. EmptyJeu 6 Juil - 22:49                                  
Les joyeux éboueurs des âmes délabrées.



Le gosse semble abasourdi. Ebloui. Un émerveillement candide s’invite dans ses yeux. Une lueur flavescente vient y danser. Tu ne peux pas t’empêcher de trouver ça un peu triste. Une flamme embuée dans le regard et une joie palpable pour trois fois rien. Ce n’est que de la nourriture. De la mauvaise bouffe, qui plus est. De la viande trop sèche et de la salade sans vinaigrette.
Et toi, impunément et naturellement, tu peux en acheter quand tu veux. Et autant que tu veux. Sans jamais penser, ne serait-ce qu’une petite seconde, aux plus démunis, aux délaissés. A ceux qui en manquent et qui ne savent plus tout à fait ce que c’est.

Assis là, jambes croisées en tailleurs. Tout près de lui, tu as un aperçu. Pas de sa vie, non. Mais des regards qu’il croise chaque jour ; incapable de s’y dérober. Des regards qu’il doit soutenir en s’engouffrant dans les failles offertes, ou qu’il tente d’ignorer, les yeux rivés à ses pieds. Des regards pesants ou fuyants. Des regards parfois inexistants, occupés à survoler un téléphone ou à comprendre une carte. Des regards pleins de reproches, ou indignés. Parfois complaisants. Gorgés de pitié ou de compassion. De haine ou de peur. De compréhension et de fatalité.

Tu le regardes. Il semble attendre comme une invitation ou une approbation. Il réclame un accord. Il en a besoin pour toucher à ce que tu lui as apporté. Tu lui dis :
« Vas-y. Mange. C’est pour toi. »
Accompagné d’un signe de la main. Et il se jette littéralement, bête affamée, sur ce qui doit être pour lui un festin.
C’est plaisant, de le voir manger. Mais tu ne souris pas. Tu ne te sens ni mieux, ni meilleur, ni plus utile qu’un autre. Ce soir, il dévore. Mais c’est tout. Bonheur et satiété éphémères. Tu ne lui offres ni protection ni sécurité. Tu ne lui donnes pas ce dont il a réellement besoin. Demain, déjà, tu n’auras plus d’importance.
Tu le trouves attristant. Un peu attachant. Beaucoup trop effacé. Tu ne sais pas comment il peut survivre, dans la rue. Où les risques et les menaces sont constants. Où la loi du plus fort reste la seule valable et tolérée. Où les mots ‘frêle’, ‘faible’ et ‘fragile’ sont à proscrire parce qu’ils sont tout simplement risibles. Et déplacés. Ici, il n’est pas à sa place. Même si ce n’est celle de personne.
Il se pose, se nourrit et s’enfuit. Schéma routinier. Un moustique aux ailes bousillées, au vol instable.

Il te dit que, pour te remercier, il ferait n’importe quoi. Des mots qui t’attrapent et te frappent. Et qui résonnent, un instant. Des mots sur lesquels tu ne peux pas, presque malgré toi, t’empêcher de rebondir.
« N’importe quoi, vraiment ? » ; tu demandes.
Tendancieux. Légèrement. Peut-être inutilement, aussi.
Tu craches ta fumée opaque au-dessus de sa tête. Blonde et pleine d’épis.
Tu attrapes une serviette. Aussi fine que du papier à cigarette. Et tu viens essuyer sa bouche rose. Effacer la sauce qui coule le long de ses lèvres.
Puis, la tête un peu penchée, tu lui demandes, plus clairement cette fois :
« Tu ferais quoi, dis-moi ? »
Tu veux juste une réponse. La sienne. Voir ce qu’il t’offrirait pour un vulgaire sandwich et une canette tiède. Savoir ce qu’il peut proposer, pour accéder à un peu de chaleur et de contact. Ou pour un morceau de pain, une gorgée d’eau fraiche ; une douche chaude.
Tu attends. Et tu crains sa réponse. Tu l’imagines, en un mot. En quatre petites lettres réunies. Sexe. Tu l’entrevois, cet acte banalisé qui n’a plus besoin de légitimité pour exister. Et qu’on détourne, souvent. Tu ne veux pas qu’il le prononce. Tu frémis en l’inventant.
Mais peut-être que tu te trompes. Que tu le jauges mal. Et qu’il reste un peu de surprise, parfois, dans les stéréotypes qu’on colle involontairement sur le front de chaque étranger que l’on rencontre.
Tu fais s’envoler ton mégot fumant un peu plus loin, manquant de le lancer sur une passante.
Et tu lui accordes toute ton attention, attrapant à ton tour un hamburger.
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Hazel.
            
                                 
                   
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MessageSujet: Re: les joyeux éboueurs des âmes délabrées.   les joyeux éboueurs des âmes délabrées. EmptyJeu 6 Juil - 22:50                                  
Lueur noyée d’espoir dans ton regard alors que des sacs en papier mâché sont déposés devant tes pauvres pieds abîmés par les chaussures que tu ne quittes jamais de peur que l’on te les vole, par le sol que tu foules sans cesse malgré la chaleur du bitume en pleine journée. Des sacs en papier mâché dont tu devines aisément leur contenu à l’odeur qu’ils dégagent. Ton cœur qui s’emballe, ta bouche qui se met à saliver, ton nez qui tente de capturer chaque senteur, ta mémoire qui tente de conserver toutes ces sensations différentes pour ne pas les oublier, à aucun moment. Ton estomac qui crie famine, alors que ton regard croise celui de cet homme venant probablement de te sauver la vie, t’offrant une interaction sociale que tu ne pensais jamais avoir le droit de goûter une nouvelle fois. Invisible des passants, assis sur ce trottoir dans cette rue animée, le grand brun t’a remarqué. Il t’est venu en aide. Sauveur d’une nuit. Tu es un rescapé de la vie. Ton corps souffre de ce manque de nourriture, ton âme souffre de ces regards qui te regardent que vaguement. Mais tu es un rescapé de cette vie de paria que tu mènes, comme beaucoup d’autres dans cette ville. Chacun son trottoir, chacun son banc et on ne partage pas. On n’aide pas les autres, si on ne peut pas s’aider soi-même. Pensées tristes et mornes alors qu’un festin s’offre à toi, sans n’avoir rien demandé, pour une fois. Sans avoir tendu la main vers une vieille dame bienveillante, susceptible de déposer une petite pièce dans ta paume.

Une invitation à manger, à te servir dans cette corne d’abondance qui jonche le sol. Une main qui plonge dans le sachet et qui attrape un hamburger bien plus gros que le creux de ta main. Bête affamée déchirant l’emballage de ce met dégoulinant de cheddar et de sauce ketchup. Bête affamée qui n’est plus hésitante à l’idée de poser ses crocs dans ce petit pain sec et rassi, à l’idée d’en déchirer la mie et de l’avaler tout rond. Bête affamée qui a besoin de ce repas pour vivre une ou deux nuits de plus. Tes yeux qui ne parviennent pas à se détacher de son visage fatigué. Ta langue qui lèche la sauce sucrée qui perle sur tes lèvres. L’envie de respirer la fumée grisâtre que son souffle évacue. Ses doigts que tu devines longs et fins viennent essuyer le coin de ta bouche. Un regard captant le tien. Tu te recroquevilles sur toi, ton reste de sandwich entre les mains, impressionné par son allure, sa posture, sa force. Une caresse sur ton visage qui essuie ta maladresse, la sauce à base de tomate. Et des mots que tu n’entends pas. Une question qui s’envole un peu plus loin, vite emportée par une passante, hâtive de retrouver le cocon de son foyer. Une frite molle qui glisse entre tes dents et que tu croques sans que tes pupilles ne se détachent des siennes. Ton cœur s’affole alors que ses mots te percute. Tu ferais quoi, dis-moi ? dit-il.

Tu détournes les yeux un instant, troublé. Un frisson parcourt ton échine. Tu ouvres la bouche mais aucun son n’est assez courageux pour s’échapper de ta gorge. Tes cordes vocales ne tremblent pas. Tu ne parles pas, alors tu glisses une autre frite entre tes lèvres, suivie de la paille de ton soda. Les mots s’enchaînent dans ton esprit, le liquide pétillant glisse dans ta trachée. Tu te tournes vers lui et tu parviens enfin à faire entendre ta voix, coincés dans cette cage d’escaliers. « Tout ce que vous voudrez. » Une phrase qui sonne comme une promesse, comme une contrepartie au service qu’il vient de te rendre et ce, peu importe ce qu’il décidera pour toi. Tu le laisses maître de cette décision, de ce choix à faire. Pour une fois, tu as envie que l’on te dicte ce que tu dois faire. Tu as envie que l’on t’aide à te relever et que l’on t’emmène ailleurs, dans un autre endroit que tu ne connais pas. Un endroit tout autre que la rue, tout autre que ce trottoir, que cette avenue passante. Tu veux que l’on te guide. Que l’on t’extirpe de cette prison de misère dans laquelle tu t’es placé seul. Tu veux que cet inconnu dont tu ignores tout, jusqu’au nom, bouleverse tes plans.


Dernière édition par Hazel. le Jeu 6 Juil - 23:44, édité 1 fois
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Les joyeux éboueurs des âmes délabrées.



Il a du mal à soutenir ton regard, d’abord. Comme un chat apeuré, ou comme un mégot qu'on écrase, il se recroqueville et se tasse. Son menton s’affaisse, rentré dans ses épaules tendues. Tu devines son corps qui se crispe, muscles contractés. Tu ne sais pas si tu l’effraies, avec tes yeux inquisiteurs qui le détaillent et ta bouche qui n’ébauche pas même une parodie d’émotion. Ou si tu l’impressionnes, au contraire. Tu sais que tu peux mettre mal à l’aise, sans même prononcer un mot. C’est un reproche que quelques-uns t’ont déjà fait. Et qui, alors, t’avait arraché un sourire. Quand bien même tu n’en es pas tout à fait conscient, ça te plait. Un être malaisant. Comme un caillou, minuscule mais agaçant, coincé entre la semelle d’une chaussure et la chaussette. Les gens s’enfuient avant de te pourrir d’inutilités et de futilités. Tu t’accommodes alors sans mal des quelques critiques acerbes qui sont prononcées dans ton dos.
Puis, l’enfant s’habitue à ton regard insistant. Peut-être comprend-il que sa gêne ne te fera pas regarder ailleurs. Dès lors, il ne le lâche plus. Il fixe ses pupilles aux tiennes. T’accroche de ses yeux vert concombre. Et tu ne sais pas ce qu’il y cherche. Tu sais encore moins ce qu’il pourrait bien y trouver.
Ta question, sans doute un peu déplacée et tombant presque agressivement semble le déstabiliser. Ses yeux te quittent à-nouveau et sa bouche s’ouvre dans le vide sans qu’aucun mot ne passe la barrière de sa gorge. Il se raidit perceptiblement. Et tu l’observes continuer à manger et à boire. En faisant la même chose, toi aussi. Tu dévores ce sandwich riche de maladies à venir, en de grandes bouchées. Et tu penses que, peut-être il s’est perdu dans le dédale inextricable de ses pensées inconnues. Les secondes s’égrainent. Et tu commences à te dire qu’il ne t’a peut-être pas tout à fait entendu. Ou qu’il ne t’a pas compris – ou mal. Ou bien que son cerveau bousillé a mâché ta question en même temps que sa réponse informulée ; qu’il l’a trouvé trop effronté et qu’il l’a jeté à la poubelle. Mais non.
Lorsque, finalement, il t’accorde à-nouveau son attention toute entière, c’est pour te dire, la voix plus calme et assurée qu’avant, qu’il fera tout ce que tu veux. Tout ce que tu veux. Tout. Tu lis la promesse dans ses yeux et sa posture ; tu l’entends dans son ton.
Cette assurance nouvelle dont il fait preuve dénote avec cette image fragile qu’il renvoie pourtant encore. Et cette réponse, c’est celle à laquelle tu t’attendais. Celle que tu ne voulais pas entendre franchir ses lèvres zébrées par la sècheresse. Impassible, tu ne montres pas ta déception. Tu te contentes de boire une gorgée, à ton tour. Puis, canette posée, tu lui demandes simplement :
« Ah oui ? », ta voix se fait plus basse.

Tu viens replacer ton hamburger dans sa boite.
« Alors, par exemple, tu me laisserais faire ça… ? », tu le questionnes.
Et, doucement, feignant le désir, tu t’approches de lui, un peu plus près. Tu es écrivain : tu n’as aucun mal à imaginer et à te mettre dans la peau de ton personnage. Là, en ce moment, tu joues. Un rôle qu’il t’est pourtant déjà arrivé dans le passé d’incarner. Sans avoir à le mentir.
Tu poses ta main, légère et fraiche, tout contre sa mâchoire et tu la fait lentement glisser le long de son cou blanc, jusqu’à son torse. Tu penches un peu ta tête, l'ombre d'un sourire carnassier apparu sur ton visage, et tu l’interroges du regard.
Mais ce n’est pas suffisant. Alors tu décides de pousser le jeu. De pousser la provocation. De le pousser, lui, un peu. De tenter de t’insinuer, comme un virus, contagieux.
Ta tête s’approche dangereusement de la sienne. Tes lèvres frôlent sa joue et ton souffle l’effleure. A son oreille, dans un murmure lancinant, tu glisses :
« C’est de cette façon, que tu veux me remercier ? »
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Un repas qui tombe dans ton estomac, qui le remplit. Des saveurs qu tu dévores, que tu savoures, que tu découvres une nouvelle fois. Tant de sensations contradictoires lors d’une simple bouchée, d’un simple croc dans un sandwich à peine chaud, débordant de salade, un steak si plat que le goût disparaît sous le trop plein de sauce. Repas que tu pourrais juger gastronomique, au vue des derniers en cas que tu t’es mis sous la dent. Tu avales la dernière bouchée de ton hamburger, allant même jusqu’à lécher tes doigts sales pour ne pas en perdre une miette. Tu t’essuies alors sur les pans de ton pantalon, puis la paille de ton soda vient se glisser entre tes lèvres abîmées. Tu fuis son regard, avant d’ancrer le tien dans ses jolies pupilles opalines. Une question, une réponse qui tarde à se faire entendre, perdue dans les méandres de tes pensées emmêlées. Un dédale presque inaccessible lorsque l’on ne se donne pas la peine de te comprendre. La rue est déserte. Les derniers passants se précipitent dans une cage d’escaliers, un peu plus loin. Ils attirent ton attention, avant que l’homme brun, avant que ton sauveur ne dépose son maigre dîner dans sa petite boîte en carton. Tout ce que vous voudrez. Tu peux encore entendre ces cinq petits mots résonner dans le silence de la nuit. Une fausse assurance prononcée comme un véritable mensonge. À peine éclairés par la lumière d’une lampadaire mal en point, ta promesse rencontre cet autre que toi. Tu lui dois la vie. Une journée de plus dans cette misère sans nom, et pourtant, tu l’en remercies. Tu veux qu’il sache qu’il n’a pas fait cela en vain. Que ta vie peut être utile. Que tu peux en faire quelque chose.

Ton esprit divague encore, s’éloigne de la réalité, de l’instant présent, jusqu’à sa voix te ramène. Comme un murmure frôlant ta joue. Ah oui ? Deux syllabes qui pourtant parviennent à évoquer tant de choses, tant de scènes qui se jouent dans ta tête. Tant de scènes que tu préfères mettre de côté, du moment qu’elles ne sont pas évoqués. Ton cœur s’affole, s’emballe. Son souffle chaud contre ton visage crée un frisson incontrôlable, frisson parcourant ton échine. Tu déglutis difficilement, tandis que ton organe cardiaque menace de fuir ta carcasse, tant il bat fort. Sa proximité te fait du bien, tandis qu’elle t’effraie. Sentiments contraires et contradictoires. La main du brun parcourt ton corps. Corps qui ne demande qu’à sentir son contact encore une fois. Un soupir désireux. Palpitations cardiaques incessantes. Chaleur intense qui se propage dans cette dépouille. Était-ce donc ce qu’il désirait depuis le début ? Était-ce donc ce qu’il attendait de toi, en t’offrant ce repas ? Deux questions qui ne se posent pas. Deux questions que tu n’as pas le temps de te poser. Nouveau murmure. C’est de cette façon, que tu veux me remercier ? Oui. Non. Peut-être. Tu ne sais pas.

« Si c’est ce que vous désirez... » Dignité perdue au profit de quelques minutes, quelques heures d’attention, de chaleur et de contact humain. Dignité disparue pour recevoir un amour factice, superficiel, faux. Dignité contre amour auquel tu veux croire. Désir pour désir. Envie pour envie. Tu tournes la tête. Vos lèvres s’effleurent. Ton électrocardiogramme sonne. Palpitations cardiaques interrompus. Baiser impromptu. Regard surpris. Bouche qui s’entrouvre, cou qui se tend, main qui se glisse dans la nuque de l’autre. Baiser franc, désiré. Tu ne sais pas où cette décision te mènera. Tu n’en as pas la moindre idée. Mais il est trop tard pour revenir en arrière. Trop tard pour faire demi-tour. Yeux clos. Lèvres qui se pressent contre les siennes. Gobelet de soda que tu abandonnes sur les marches. Tu deviens putain, aimé le temps d’un baiser, d’une nuit. Sauveur d’une nuit, ou d’une vie. Qui sait.

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